Zoom par Philippe Escalier
Inconnu à cette adresse
Théâtre Antoine
La célèbre pièce de Kressmann Taylor avec Jean-Pierre Darroussin et Stéphane Guillon savamment mis en scène par Jérémie Lippmann, nous offre un remarquable et intense moment de théâtre.
Rien n'est banal dans le parcours d'« Inconnu à cette adresse », à commencer par son contenu, fait échanges épistolaires et le moment de son écriture, entre 1937 et 1938, soit avant le déclenchement du second conflit mondial et sa cohorte d'abominations. Par ailleurs, longtemps l'autrice ne sera connue que sous son nom de famille, son entourage souhaitant, bien injustement, que l'on pense qu'il s'agissait d'un homme. Enfin, en France notamment, elle ne sera vraiment jouée et plébiscitée que plusieurs décennies après son écriture. Depuis cette renaissance, elle est fréquemment interprétée, souvent, comme ici, de la meilleure des façons.
« Inconnu à cette adresse » est bâtie sur le thème principal de l'explosion de l'antisémitisme en Allemagne, au moment de la prise du pouvoir par Hitler, sous l'angle particulier d'échanges de lettres entre deux amis, marchands d'art. L'un, Max, est juif américain et l'autre, Martin, est allemand, ayant décidé de quitter les États-Unis pour rejoindre son pays natal. Sur une période qui s'étale entre fin 1932 et début 1934, les deux hommes échangent 19 missives dans lesquelles on découvre l'emprise de l'idéologie nazie sur Martin et les conséquences qui en découlent.
Ce texte puissant s'impose par sa simplicité et la précision chirurgicale avec laquelle sont décrits les changements politiques et psychologiques. Il dévoile, avec subtilité, la transformation de cette amitié et la fascination croissante de Martin, face à un nouveau pouvoir sans scrupules, qui se propose de tout changer, en ayant recours à une brutalité inhumaine. Kathrine Kressmann Taylor sait parfaitement raconter l'emprise de l'Histoire sur les individus et c'est à travers eux qu'elle décrit le cheminement d'une Allemagne ruinée et déboussolée depuis 1918, puis visiblement fière d'être reprise en main par un pouvoir obsédé, jusqu'à la folie, par la puissance et la pureté de la race.
Jean-Pierre Darroussin et Stéphane Guillon sont face au public. Leur jeu, d'une authenticité et d'une justesse confondantes permet de redécouvrir la pièce quand bien même on la connaitrait parfaitement. Et, de ce sujet si dramatique à tous points de vue, que nos sociétés n'ont toujours pas fini de combattre, ils font un moment émouvant, faisant appel à l'intelligence et à la sensibilité des spectateurs. La mise en scène de Jérémie Lippmann, qui présente les mêmes qualités de précision et de sobriété que la pièce, laisse éclater tout à la fois la beauté du texte et le talent des acteurs.
« Inconnu à cette adresse » est bâtie sur le thème principal de l'explosion de l'antisémitisme en Allemagne, au moment de la prise du pouvoir par Hitler, sous l'angle particulier d'échanges de lettres entre deux amis, marchands d'art. L'un, Max, est juif américain et l'autre, Martin, est allemand, ayant décidé de quitter les États-Unis pour rejoindre son pays natal. Sur une période qui s'étale entre fin 1932 et début 1934, les deux hommes échangent 19 missives dans lesquelles on découvre l'emprise de l'idéologie nazie sur Martin et les conséquences qui en découlent.
Ce texte puissant s'impose par sa simplicité et la précision chirurgicale avec laquelle sont décrits les changements politiques et psychologiques. Il dévoile, avec subtilité, la transformation de cette amitié et la fascination croissante de Martin, face à un nouveau pouvoir sans scrupules, qui se propose de tout changer, en ayant recours à une brutalité inhumaine. Kathrine Kressmann Taylor sait parfaitement raconter l'emprise de l'Histoire sur les individus et c'est à travers eux qu'elle décrit le cheminement d'une Allemagne ruinée et déboussolée depuis 1918, puis visiblement fière d'être reprise en main par un pouvoir obsédé, jusqu'à la folie, par la puissance et la pureté de la race.
Jean-Pierre Darroussin et Stéphane Guillon sont face au public. Leur jeu, d'une authenticité et d'une justesse confondantes permet de redécouvrir la pièce quand bien même on la connaitrait parfaitement. Et, de ce sujet si dramatique à tous points de vue, que nos sociétés n'ont toujours pas fini de combattre, ils font un moment émouvant, faisant appel à l'intelligence et à la sensibilité des spectateurs. La mise en scène de Jérémie Lippmann, qui présente les mêmes qualités de précision et de sobriété que la pièce, laisse éclater tout à la fois la beauté du texte et le talent des acteurs.
Paru le 12/11/2024
(66 notes) THÉÂTRE ANTOINE Jusqu'au dimanche 29 décembre
TEXTE(S). Dix-neuf lettres entre deux amis, un Allemand et un Juif américain, à l'heure de la montée du nazisme. Au fil de la correspondance, le ton s'assèche. On assiste à l'idéologie fasciste qui s'infiltre, à l'horreur qui arrive. Qui est le bon, qui est le méchant ? Qu'aurions nous fait à leur place ? ...
|