Grande barbe blanche, pull rayé blanc et bleu, ciré orange, Thierry Lavat a tout sur scène du navigateur aguerri. Autour d'un vaste bloc ovale représentant un planisphère, il va nous aider à suivre sa course, la première du genre, sans escales et sans communications. Aidé par la mise en scène qu'il a réalisée, efficace, dépourvue de fioritures, il nous laisse entendre un texte prenant, marqué par la poésie simple des grandes choses. Y sont décrits le bonheur d'être libre, loin de la fureur des hommes, les difficultés qui ne manquent pas d'arriver, et ce mélange de folie et de sagesse qu'il faut avoir pour se lancer dans pareille aventure.

Le spectateur, par la magie de l'interprétation, va immédiatement se sentir attiré par le grand large, au milieu de nulle part, entre ciel et mer, écoutant les petits détails qui font le quotidien du marin sur un voilier de course. Une année durant, le voilà vivant un peu comme un moine, ayant fait vœu de silence, entièrement dévoué à son bateau et à l'océan qui lui apporte le meilleur comme le pire. Le talent de Thierry Lavat rend ce récit palpitant, passionnant, d'autant que Bernard Moitissier avait su le pimenter de quelques réflexions pertinentes sur les tristes réalités du monde.

C'est dans un théâtre situé sur les hauteurs de la Butte Montmartre qu'il vous est proposé de prendre la mer. Même si vous n'avez pas le pied marin, cette traversée, pleine de surprises, vous est hautement recommandée.