Dans la diversité de l'œuvre de Marc Villemain, on retrouve une caractéristique : sa prédilection pour les sujets se rapportant à l'observation minutieuse des rapports humains. « Ostinato » s'inscrit exactement dans cette veine, en mettant aux prises un fils, presque quinquagénaire, venu rendre visite à son père qu'il n'a pas vu depuis des années. Les rapports entre les deux sont tendus et la compagne du père, qui entretient avec les deux hommes des liens forts, n'est pas de trop pour aplanir les difficultés d'un amour impossible dont le récit va peu à peu laisser apparaitre les causes. Le titre de l'œuvre fait essentiellement référence au métier de musicien du père (qui a été une pointure dans le monde du jazz) tout en soulignant la présence insistante et répétée d'une question restée sans réponse et qui a toujours séparé le père et son fils.

Dans un décor simple, éclairé par une toile de fond figurant l'océan, Dimitri Rataud fait aller et venir Claude Aufaure, parfait en père amer au caractère assez houleux, visiblement déchiré Ludovic Baude, en fils travaillé par un secret, et Hélène Cohen qui prend les habits d'une compagne caractérisée par sa tranquillité apaisante. Le texte, assez court, sait développer rapidement une intrigue quasi policière. En sortant, les spectateurs continuent de savourer les mots en découvrant la façon très esthétique dont Dimitri Rataud a décoré l'un des murs de La Huchette, avec une série de Haïkus (courte poésie japonaise) très originaux.