Article de Philippe Escalier
Britannicus Musical Circus
Le Lucernaire
La nouvelle création des Épis Noirs s'installe au Lucernaire où les parisiens peuvent applaudir un incroyable spectacle délirant et haut en couleurs.
L'une des traditions des Épis Noirs est de s'attaquer à nos grands mythes fondateurs. Avec visiblement un goût particulier pour Racine. Après "Andromaque", les voici en train de revisiter "Britannicus". De fond en comble. C'est du grand art mais, j'allais dire, rassurez-vous, ce n'est pas la Comédie Française ! Poésie, burlesque, sens de la dérision et musique sont les armes avec lesquelles Pierre Lericq (auteur, metteur en scène assisté de Bérangère Magnani) et sa troupe dézinguent l'un de nos grands classiques.
L'œuvre de Racine reste un prétexte à plus d'une heure de spectacle absolument déjanté (c'est peu de le dire !). Certes, les personnages de la tragédie sont là mais ils disent leur propre texte pimenté de quelques alexandrins dans une ambiance de cirque assez fellinienne, où le clown est roi.
Nous sommes en mai 68... après Jésus Christ ! Pierre Lericq installe le théâtre dans le théâtre et, en Monsieur Loyal, conduit son petit monde, association d'intermittents du spectacle ratés, à la baguette. Tout est surligné (c'est la loi du genre) et pourtant, rien n'est excessif et la finesse est au rendez-vous avec un humour poétique, radical, rarement potache, toujours délicieux. Il n'est pas exagéré de penser que cet ouragan musical et circassien pourrait être bien plus proche de l'auteur qu'on ne le croit.
Mais oublions Racine, devenu ici roi des Punks ou des causes perdues et restons avec nos personnages lunaires et loufoques. Britannicus est séduisant, pas seulement parce qu'il a l'apparence de l'excellent Jules Fabre mais parce qu'il est touchant en grand ado inconscient, trop cool, amoureux de Junie qu'il préfère à l'Empire. Face à lui, Néron prend les traits de Tchavdar Pentchev qui est au centre du show auquel il contribue à donner, et avec quel brio, toute son intensité. Inquiétant maître chanteur, inhumain, rendu narcissique et violent par l'amère Agrippine que Marie Réache transforme avec talent en folle furieuse colorée, sorte de mante religieuse incestueuse, obsédée par l'idée de mettre son fils sur le trône. Pour cela, elle a fait de l'assassinat un sport national. Mais Néron désire tout ce qu'il n'a pas, dont Junie, pourtant folle amoureuse de "Brita" à laquelle Julie de Ribaucourt prête son art et sa grâce pendant que Gilles Nicolas, serviteur obséquieux et loufoque est occupé à décrire par le menu le moindre de ses mouvements.
Cette troupe de comédiens, musiciens danseurs sait tout faire, depuis tenir le public en haleine et en joie jusqu'à transformer un grand désordre apparent en monumentale réussite scénique, parfaitement structurée. Ce théâtre populaire contribue à donner ses lettres de noblesse au spectacle vivant et du bonheur à ses spectateurs. Que demande le peuple ?
L'œuvre de Racine reste un prétexte à plus d'une heure de spectacle absolument déjanté (c'est peu de le dire !). Certes, les personnages de la tragédie sont là mais ils disent leur propre texte pimenté de quelques alexandrins dans une ambiance de cirque assez fellinienne, où le clown est roi.
Nous sommes en mai 68... après Jésus Christ ! Pierre Lericq installe le théâtre dans le théâtre et, en Monsieur Loyal, conduit son petit monde, association d'intermittents du spectacle ratés, à la baguette. Tout est surligné (c'est la loi du genre) et pourtant, rien n'est excessif et la finesse est au rendez-vous avec un humour poétique, radical, rarement potache, toujours délicieux. Il n'est pas exagéré de penser que cet ouragan musical et circassien pourrait être bien plus proche de l'auteur qu'on ne le croit.
Mais oublions Racine, devenu ici roi des Punks ou des causes perdues et restons avec nos personnages lunaires et loufoques. Britannicus est séduisant, pas seulement parce qu'il a l'apparence de l'excellent Jules Fabre mais parce qu'il est touchant en grand ado inconscient, trop cool, amoureux de Junie qu'il préfère à l'Empire. Face à lui, Néron prend les traits de Tchavdar Pentchev qui est au centre du show auquel il contribue à donner, et avec quel brio, toute son intensité. Inquiétant maître chanteur, inhumain, rendu narcissique et violent par l'amère Agrippine que Marie Réache transforme avec talent en folle furieuse colorée, sorte de mante religieuse incestueuse, obsédée par l'idée de mettre son fils sur le trône. Pour cela, elle a fait de l'assassinat un sport national. Mais Néron désire tout ce qu'il n'a pas, dont Junie, pourtant folle amoureuse de "Brita" à laquelle Julie de Ribaucourt prête son art et sa grâce pendant que Gilles Nicolas, serviteur obséquieux et loufoque est occupé à décrire par le menu le moindre de ses mouvements.
Cette troupe de comédiens, musiciens danseurs sait tout faire, depuis tenir le public en haleine et en joie jusqu'à transformer un grand désordre apparent en monumentale réussite scénique, parfaitement structurée. Ce théâtre populaire contribue à donner ses lettres de noblesse au spectacle vivant et du bonheur à ses spectateurs. Que demande le peuple ?
Paru le 29/11/2024
(18 notes) THÉÂTRE DU LUCERNAIRE Jusqu'au dimanche 9 février 2025
THÉÂTRE MUSICAL. Dans une troupe de théâtre ambulant, un "Monsieur Loyal" tonitruant mène ses comédiens à la cravache pour vous raconter la véritable, et non moins monstrueuse, histoire de Britannicus. Tout se passe en un seul jour à Rome. En mai 68 de notre ère, le jour de son couronnement, Néron, mis sur le trôn...
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