Comme sorti d'un placard en apparaissant, guitare à la main, de derrière le rideau, tel un lutin investissant son grenier, il nous offre ses premiers trilles. Il chante et joue - juste, très juste - avec ce sourire aux lèvres et cet air taquin qui ne le quitteront jamais. Facétieux en diable et un brin "perché", il impose d'emblée son style : petite jupe noire, chemise à carreaux, baskets, le cheveu en bataille, tel est louis Caratini, troubadour moderne, "en-chanteur" de la scène. Au sol, un tapis, des instruments de musique : guitare, xylophone, le piano... évidemment, puis quelques lampes qu'il va orienter selon son humeur. Il est comme chez lui, relax, Mr Feelgood. Fascinant ! Il y a dans cette décontraction de la magie, de la poésie, de la fantaisie mais aussi et surtout de l'érudition. Le public qui joue à deviner l'auteur de tel ou tel standard saisit en même temps la puissance mémorielle des musiques - ah, les madeleines ! -, découvre le sens et l'histoire de la propriété intellectuelle, s'enthousiasme en l'écoutant jongler avec les mots, accepte même de se perdre dans le labyrinthe du diablotin protéiforme. Vous pensez l'entendre interpréter du Lavilliers, du Nougaro, du Brassens... Las ! C'est son œuvre à lui, cette fois, ses mots à lui, Louis Caratini est aussi auteur-compositeur-interprète.
Il vous balade comme il veut et dans ce jeu ludique et intelligent, tout le monde, sans exception, participe (jusqu'à danser le final debout sur "Marcia Baila" des Rita Mitsouko), on apprend autant qu'on se divertit. Et, l'air de rien, si l'ensemble apparaît comme "improvisé", tout est au fond très habilement calibré. Ce lutin, diablement talentueux, sait où il va. Dans cette complicité et ce partage qu'il a installés, le public ressort enthousiaste.
Louis Caratini, c'est un peu le printemps avant le printemps, un bain de jouvence qu'on ne peut que conseiller aux amateurs de musique, aux amoureux des mots. Et s'il était une pièce, ce serait forcément un "Louis d'or" !