Jean-Christophe Born campe un journaliste propret, emprunté, timide, qui prend des notes, s'excuse quand il a l'impression d'avoir commis un impair, se reprend, devenant un personnage de comédie un brin désuet qu'on excuse pour ses maladresses car il connait tout ou presque de l'artiste qu'il va interviewer. Andrée Turcy, qu'incarne avec brio Guillemette Lefèvre, est son exact contraire. Solaire, sûre d'elle - c'est une cheffe de troupe -, elle montre qu'elle n'a rien perdu de sa fraîcheur, de son humour, encore moins de son franc-parler. Elle a évidemment gardé son accent du sud et sa voix est intacte - Guillemette chante a capella, s'il vous plait ! - comme sa mémoire, très précise. Nous voilà rassurés : elle est encore dans le "game" et sa flamboyance, sa passion vont peu à peu faire fendre l'armure à son interlocuteur qui acceptera bien de chanter - a capella aussi ! - et même de partager le final qui deviendra un feu d'artifices !
Ce "Qui êtes-vous, Andrée Turcy ?" est une parenthèse (en)chantée et parlée très réussie, un véritable bain de fraîcheur, de poésie et d'humour. Guillemette Lefèvre a un métier et un talent inouïs et, pour fêter les 50 ans de la disparition d'Andrée Turcy, coup de chapeau à Jean-Christophe Born qui a eu la délicatesse de s'effacer dans le rôle pour mettre en valeur sa partenaire dans cette ode au Music'Hall et à Marseille. Coup de chapeau également à Maurizio Montobbio qui a su éclairer avec finesse cette séquence. Merci à vous tous de nous offrir cette nostalgie heureuse qui se sirote... comme l'Anisette !