Il est harcelant, ce Louistiti, fils chéri à sa « Moman » qui pose tout le temps des questions pour conjurer ses angoisses, surtout la nuit. Sa Moman, seule (on comprend vite que le mari est parti), doit répondre à tout, dédramatiser et apprendre au fils à affronter le réel, donc s'endurcir. C'est la clef du bonheur. Seuls sur leur ilot de tendresse, ils crient, pleurent, se fâchent mais jamais longtemps car l'amour est là. La mélancolie de la mère, qui assume même les manquements du père (il n'a pas payé « l'électrique ») est mâtinée de malice. Tout est bon pour inventer des histoires, combler le manque, divertir.

C'est bouleversant d'humanité et de fraîcheur, d'autant qu'avec quelques toiles qui deviennent tissus, draps, habits pour seuls accessoires, ils parlent de vétilles comme de sujets graves (la guerre, la Shoah). On est entre Guignol et Sol, ce clown québécois (de son vrai nom Marc Favreau) qui savait comme personne tisser une histoire en changeant les mots dès le départ (On se souvient des « œufs limpides et du marmiton » de Sol pour « les Jeux Olympiques et le marathon »). Ce spectacle est tout public mais les adultes ne s'y trompent pas qui décèlent vite le sous-texte dans la richesse de cette novlangue enfantine.