Article de Patrick Adler
La valise
Essaïon
Elle le dit d'emblée, Sophie : ne vous fiez pas au titre ! Veut-elle d'emblée noyer le poisson, cette native du même signe ? À l'écouter, il serait davantage question du contenu que du contenant. Soit. Exit la valise. Mais quid du voyage ? C'est donc une traversée à la nage en eaux "Forte" qui nous attend, avec une mer - la Méditerranée - tantôt calme, tantôt déchaînée face à un esquif fragile - la famille - aussi déjanté que tendre. Sur un air de "Famille, je vous aime", ce petit bout de femme sacrément douée nous livre une galerie de portraits croquignolets et poétiques et une ode au pater familias : Max Forte, peintre autodidacte qui acquit la célébrité et les honneurs ... presque malgré lui.
Femme-orchestre, Sophie Forte gère tout : les décors, les personnages, les accessoires. Elle n'a besoin de rien puisqu'elle fait tout et pour peu qu'elle ait besoin d'un apport sonore pour illustrer le récit, il y a toujours une âme charitable dans le public pour lui offrir le bruit du bouchon de champagne, faire "ah" pour acquiescer ou "oh" pour compatir. Dans cette saga familiale digne des comédies italiennes, on retrouve la mère, dynamique - elle est de celles qui "font les hommes", écrivent leur histoire -, puis la tante au timbre criard aussi fêlé que son cerveau, la grand-mère - une Tatie Danièle avant l'heure -, le grand-père un tantinet mafieux et même... le teckel. Elle les mime tous à la perfection. On jubile à la voir forcer le trait, nourrir son récit d'anecdotes et de détails croustillants. On vit ce périple, cette traversée de Lyon à Paris avec un bonheur indicible car la conteuse à la voix haut perchée a une folle énergie et se montre intarissable sur l'histoire de sa famille et sur celui qui portera haut le nom : Max Forte. Ah, ce père ! Un personnage de B.D. bougon et tendre qui, s'il n'avait suivi les injonctions de sa femme, eût volontiers flemmardé sur un canapé, l'œil rivé sur un écran de télé. C'est singulier, pittoresque, joyeux et vivant, infiniment vivant. Du burlesque à l'état pur porté par une éternelle gamine qui promène pendant plus d'une heure un regard amusé et émerveillé sur ce père d'exception, aussi humble que talentueux.
"Les chiens ne font pas des chats" dit-on. Concluons alors que la petite Sophie, fille unique du couple, a gagné l'énergie et l'ambition de la mère et l'immense talent du père. Bingo ! Régalez- vous ! C'est un spectacle familial rafraîchissant, drôle et émouvant !
"Les chiens ne font pas des chats" dit-on. Concluons alors que la petite Sophie, fille unique du couple, a gagné l'énergie et l'ambition de la mère et l'immense talent du père. Bingo ! Régalez- vous ! C'est un spectacle familial rafraîchissant, drôle et émouvant !
Paru le 21/05/2025






![]() ![]() ![]() ![]() ![]() (17 notes) THÉÂTRE ESSAÏON Jusqu'au samedi 14 juin
SEUL(E) EN SCÈNE. Seul en scène hilarant et bouleversant : l’histoire familiale plutôt cocasse de Sophie Forte ! Il y a cinq ans, à la mort de son oncle André, Sophie hérite d’une vieille valise. À l’intérieur, des centaines de photos de toute sa famille, de ses arrières grands parents italiens à ses filles. À trav...
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