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D.R.
Zoom par Patrick Adler
Le Penseur
Au Lucernaire

Du "Penseur" de Rodin à Rodin le penseur, il n'y avait qu'un pas que Jean-Baptiste Seckler, sculpteur et comédien, n'a eu aucun mal à franchir tant déjà la ressemblance est troublante (la barbe, les lorgnons, le tablier, il est ce grand Auguste en un peu moins massif) et la passion, identique (il est un des grands maîtres d'œuvre au Musée Grévin). Ne vous attendez pas à un biopic. Ce voyage original - car on peut parler de voyage dans cette évocation - est une véritable immersion dans l'atelier et surtout dans l'âme du sculpteur dont on va fêter le centenaire de sa disparition. Une redécouverte de l'artiste qui nous offre une ode à la contemplation en tous points envoûtante.
Vous en rêviez ? Il le fait. En entrant dans cet écrin qu'est "le Paradis" du Lucernaire, vous êtes déjà dans l'atelier du sculpteur, au milieu des moulages, proche du poêle à charbon, de l'établi. Et il est là, devant vous. En pure et parfaite incarnation. Il est Auguste Rodin. Il ajuste ses bésicles, mouille un tissu, prend une grande respiration puis s'assied. Il réfléchit, se relève pour prendre une feuille. Il va dessiner. Puis il saisit un moulage posé sur un socle à roulettes. Il va sculpter. En silence ou sur fond sonore. il s'agite en peaufinant son oeuvre, se fait même danseur par ces mouvements harmonieux en auscultant tous les angles, debout, accroupi... Il se penche, se relève, saisit le mouvement, l'instant, corrige encore et encore...
En même temps qu'il s'exécute, il vous explique que si le moulage ne reproduit par définition que l'extérieur, lui retranscrit aussi l'esprit. Il évoque une géométrie moderne. Vous, vous êtes là, bouche bée, comme aimantés. Car il parle avec passion et poésie, s'extasie sur la beauté du monde qu'il voit partout, infinie. Las ! Pour lui, seuls les artistes savent la saisir à sa juste valeur. Alors il convoque Baudelaire, Hugo, Dante et toute cette Ecole de peinture italienne qu'il vénère depuis Vinci, Michel-Ange, fustige les sots et les ignorants, ceux qui ont un temps brocardé son "Age d'airain", sa Porte de l'Enfer ou, pire encore, son Balzac. Il se console avec les femmes, ses modèles qui déambulent nues, jamais ne posent. Il ne saurait oublier non plus Camille Claudel, sa muse à qui il rend hommage. Elle est cette messagère que Dieu a envoyée sur sa route. La beauté est partout, pour peu qu'on veuille la voir.

C'est un moment magique de théâtre qui allie la dextérité du sculpteur "in situ" à la justesse et passion du comédien. Jean-Baptiste Seckler donne vie aux moulages comme au magnifique texte de Rodin. L'ensemble donne à penser. Nous, nous en pensons le plus grand bien ! Et vous ? Si vous aimez les pépites du Lucernaire...
Paru le 30/05/2025

(9 notes)
PENSEUR (LE) - Au cœur de l'atelier de Rodin
THÉÂTRE DU LUCERNAIRE
Jusqu'au dimanche 27 juillet

SEUL-E EN SCÈNE à partir de 10 ans. Une heure d’euphorie, de dessin et de sculpture en live, dans l’atelier d’Auguste Rodin, entouré de son peuple de statues. Rodin dessine le modèle, sculpte sa Camille, défend son Balzac ; se souvient de l’Italie, Ghiberti et Michel-Ange ; de L’Age d’Airain, de l’accusation de moulage sur nature et...

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