Il balade sa longue silhouette avec décontraction, arbore d'emblée un sourire qui masque le trac. Petites lunettes, barbe de trois jours, habillé "cool" (jean-basket), il a une heure pour nous convaincre que la philo est utile, voire nécessaire. Organisé, rigoureux - ça se sent - sous ses airs de dilettante, il a déjà trouvé la parade pour séquencer son cours : le fameux "Je vous laisse méditer là-dessus", suivi d'un noir scène, qui lui vaut à chaque fois un retour d'applaudissements et lui offre une respiration. Serait-il devenu un brin cabotin ? En tout cas, il est assurément sympathique, n'a pas la morgue, la suffisance des mandarins qui donnent des cours ex-cathedra. Lui sait se mettre au niveau de son auditoire qui compte, évidemment, des enseignants, des étudiants mais aussi des curieux(ses). Et ils sont de plus en plus nombreux.
La raison de son succès est simple : Il connait la matière et l'exercice par coeur - il l'enseigne depuis plus de vingt ans - sait donner la parole et comme il a l'art de la maïeutique et sait se montrer bienveillant, il ne pointe pas l'erreur chez l'élève d'une heure, sait expliquer, vulgariser, quitte à le taquiner. Quand le regard de l'élève s'éclaire à nouveau, il sourit. Il est sorti vainqueur du "game". Ce côté "feel-good" qu'on retrouve même dans son aire de jeu - un lutrin, un écran - et sur son affiche très "BD" (mais moche 😜) aide à mieux digérer la pensée des philosophes, leurs aphorismes. On apprend beaucoup en une heure et s'il survole la philo de Platon à Nietzsche, en passant par Schopenhauer, Bergson dont il brocarde au passage le physique et l'humeur peu engageante, on se satisfait déjà de tous ces éléments de réflexion, voire de construction qui nous ont été distillés, de l'allégorie de la caverne aux martyrs qui "portent atteinte à la vérité". Sans oublier Pyrrhon, le chef de file des "Sceptiques" qui nous était totalement inconnu. Ou oublié. Ancré dans la réalité, il explique le wokisme, la cancel culture, le droit à l'indifférence réclamé par les homosexuels... Il ne porte aucun jugement, nous aide juste à réfléchir. Une chose est certaine aujourd'hui : On est sûr d'avoir raison... de vous enjoindre à le découvrir à La Marelle-Teinturiers.

C'est quoi déjà son gimmick ? "Je vous laisse méditer là-dessus". Retour d'applaudissements. Amplement mérités.
Mais oui, il fallait y penser, c'est pas sorcier !