Quand Jean-Philippe Daguerre, auréolé cette année de cinq Molières, décide de mettre en scène ce jeune surdoué, il sait par intuition qu'il tient un diamant à l'état brut. Lionel Cecilio a tout écrit et comme il a déjà une certaine expérience de la scène, le diamant aura tôt fait d'être poli et le résultat est aujourd'hui à la hauteur de la satisfaction affichée par son maître. S'il ne désemplit pas depuis le premier jour et joue même à guichets fermés, c'est qu'il sait captiver son public. On vit avec lui un moment historique qui prend des allures d'épopée avec une romance sous-jacente, des anecdotes et des personnages truculents - mention spéciale faite à Catherine - sur fond de cet accent chuinté et chantant qui fleure bon le soleil et les mélopées portugaises. Il parle vite, avec fougue mais distinctement, passe d'un personnage à l'autre, comme dans un film avec flashbacks. Comme aimantés, nous suivons l'histoire, nous y prenons part. La voix, les attitudes, tout y est. Avec une précision de haute volée, il donne vie à celles et ceux qui ont émaillé celle de Céleste. Pas de décors. Aucun colifichet. Une chaise sur un plateau nu et l'imaginaire est en marche. Il en est le guide, le "deus ex-machina", avec lui, tout est en place. Le public, admiratif, interrogé à la sortie, n'a qu'un mot à la bouche : performance !
Il est juste... époustouflant ! Retenez-bien son nom : Lionel Cecilio et si, par chance, il y avait des désistements de dernière minute, foncez aux Gémeaux pour l'applaudir.