Zoom par Patrick Adler
Marcus
Des dessins pour un homme sans dessein
Tout le monde se souvient forcément de son rôle récurrent dans la série « Hôpital » et principal dans « les Apprentis » de Pierre Salvadori. C'est oublier que J.Baptiste Marcenac est avant tout un homme de théâtre (Amadeus, les Justes, Oscar, Cuisine et dépendances...pour ne citer qu'eux) et qu'il sait tout jouer.
Marcus est un conte moderne. Nous voici donc embarqués pour un voyage dans la psyché d'un homme qui se définit lui-même comme un banal « looser ». Jugez plutôt : il vient d'être fraîchement licencié, vit les affres du couple bancal qui n'arrive ni à procréer ni à adopter, vient d'accepter un job de vendeur mal rémunéré qui le range désormais dans le Lumpenproletariat. Et pourtant la vacuité de son existence va être balayée par la rencontre inopinée d'un gamin de 16 ans, vendeur stagiaire, sur son propre lieu de travail.
Cet adolescent, c'est Dylan, un gosse qui a le génie du trait et une passion immodérée pour les chaussures de femmes. A ses moments perdus, il dessine. Sans relâche. Et il force l'admiration de celui qui est en passe de devenir son mentor : Marcus. Transfert classique, diraient les psychanalystes. Besoin irrépressible de reconnaissance affective mutuelle.
Le trouble va grandissant chez Marcus qui, pour autant, par oisiveté ou paresse intellectuelle, préfère naviguer sur les sites de rencontre et, dans l'investissement affectif, joue le minimum syndical.
Il aura fallu trois coups de fil de Dylan restés sans réponse pour que le destin bascule.
A l'annonce de sa disparition le lendemain, Marcus est ébranlé. Intervient fatalement ce sentiment diffus de culpabilité face à sa procrastination. Les souvenirs resurgissent à la surface. Dylan n'a-t-il pas appelé à l'aide ce papa... non assumé (c'est ainsi qu'il nommait Marcus) ? L'arrivée presque simultanée d'une nouvelle compagne et d'un colis renfermant les dessins du gamin surdoué vont changer le destin de Marcus. La découverte de ses dessins changer le destin et les desseins du « non-père ». C'est à ce moment précis que commence l'imposture puisque, par lâcheté, Marcus n'ose avouer qu'ils ne sont pas de lui au moment où sa nouvelle compagne le propulse, par son entregent, dans les plus hautes sphères de la mode.
Vous l'aurez compris, on est presque dans le thriller psychologique avec la récurrence des thèmes délicats et douloureux que sont le chômage, la paternité, l'adoption.
Il y a sûrement du Marcus en chacun de nous, cette part de lâcheté qui, à n'y prendre garde, peut créer une véritable déflagration autour de nous. C'est ce qu'a formidablement compris J. Baptiste Marcenac qui, dans son jeu subtil de looser élégant mais veule, nous tient en haleine plus d'une heure durant, nous rendant à la fois spectateurs et acteurs d'un jeu délicat. Qu'aurions-nous fait à sa place ? L'affiche elle-même est explicite, elle figure un corps tronqué, en tout cas sans tête, allégorie peut-être d'un cerveau absent dans les grandes décisions. La mise en scène de l'excellent Olivier Macé est en tous points admirable. Elle joue beaucoup sur les lumières, le clair-obscur inhérent aux enquêtes, qui accentuent la dramaturgie, tout comme la bande-son et ce volant-lumineux, tour à tour écran, miroir et réceptacle à souvenirs que Marcus emporte avec lui.
On ne saurait spoiler la fin de l'histoire. A vous, profilers d'un soir, de découvrir le fabuleux destin ...de ces dessins ! Saluons la puissance du texte de Stéphane Guérin qui méritait bien un Marcenac et un Macé pour être magnifiée.
Cet adolescent, c'est Dylan, un gosse qui a le génie du trait et une passion immodérée pour les chaussures de femmes. A ses moments perdus, il dessine. Sans relâche. Et il force l'admiration de celui qui est en passe de devenir son mentor : Marcus. Transfert classique, diraient les psychanalystes. Besoin irrépressible de reconnaissance affective mutuelle.
Le trouble va grandissant chez Marcus qui, pour autant, par oisiveté ou paresse intellectuelle, préfère naviguer sur les sites de rencontre et, dans l'investissement affectif, joue le minimum syndical.
Il aura fallu trois coups de fil de Dylan restés sans réponse pour que le destin bascule.
A l'annonce de sa disparition le lendemain, Marcus est ébranlé. Intervient fatalement ce sentiment diffus de culpabilité face à sa procrastination. Les souvenirs resurgissent à la surface. Dylan n'a-t-il pas appelé à l'aide ce papa... non assumé (c'est ainsi qu'il nommait Marcus) ? L'arrivée presque simultanée d'une nouvelle compagne et d'un colis renfermant les dessins du gamin surdoué vont changer le destin de Marcus. La découverte de ses dessins changer le destin et les desseins du « non-père ». C'est à ce moment précis que commence l'imposture puisque, par lâcheté, Marcus n'ose avouer qu'ils ne sont pas de lui au moment où sa nouvelle compagne le propulse, par son entregent, dans les plus hautes sphères de la mode.
Vous l'aurez compris, on est presque dans le thriller psychologique avec la récurrence des thèmes délicats et douloureux que sont le chômage, la paternité, l'adoption.
Il y a sûrement du Marcus en chacun de nous, cette part de lâcheté qui, à n'y prendre garde, peut créer une véritable déflagration autour de nous. C'est ce qu'a formidablement compris J. Baptiste Marcenac qui, dans son jeu subtil de looser élégant mais veule, nous tient en haleine plus d'une heure durant, nous rendant à la fois spectateurs et acteurs d'un jeu délicat. Qu'aurions-nous fait à sa place ? L'affiche elle-même est explicite, elle figure un corps tronqué, en tout cas sans tête, allégorie peut-être d'un cerveau absent dans les grandes décisions. La mise en scène de l'excellent Olivier Macé est en tous points admirable. Elle joue beaucoup sur les lumières, le clair-obscur inhérent aux enquêtes, qui accentuent la dramaturgie, tout comme la bande-son et ce volant-lumineux, tour à tour écran, miroir et réceptacle à souvenirs que Marcus emporte avec lui.
On ne saurait spoiler la fin de l'histoire. A vous, profilers d'un soir, de découvrir le fabuleux destin ...de ces dessins ! Saluons la puissance du texte de Stéphane Guérin qui méritait bien un Marcenac et un Macé pour être magnifiée.
Paru le 23/09/2023
(9 notes) THÉÂTRE DE LA COMÉDIE BASTILLE Du samedi 16 septembre au samedi 30 décembre 2023
SEUL-E EN SCÈNE à partir de 13 ans. Marcus est un conte moderne. Un homme assez banal, "dans la moyenne" comme il aime à se présenter, se perd dans sa vie de vendeur de prêt-à-porter et dans sa vie de couple, jusqu'au jour où il rencontre Dylan, un génie de 16 ans qui va transformer son existence, et propulser Marcus des rayons de c...
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