A peine entrée au sanatorium, qui ne connait Lidia, cette patiente septuagénaire qu'on dit rebelle, extravagante, impudique mais chic ? Rodion, chirurgien et chef de clinique, septuagénaire lui aussi, se passerait volontiers de ses frasques. En homme plutôt rigide, coincé, taciturne, un brin chiffon côté vestimentaire, il n'aime rien moins que d'être bousculé dans ses habitudes. Est-ce à dire que tout les oppose ? Pour peu qu'on sache donner du temps au temps, la vie regorge parfois de surprises. De rencontre en rencontre, ils vont se découvrir, s'apprivoiser.

Exit les chamailleries du début pour un bibi que lui qualifiait de tarte, pour son maniement de parapluie à lui qu'elle se plaisait à moquer. Il suffit parfois d'une bourrasque, d'un concert de Rachmaninov dans une cathédrale, du clapotis des vagues, d'un bateau en partance pour Lipaïa - qu'ils prendront ou pas - pour que ces deux êtres, délicats, fragiles, cabossés par la vie - chacun a connu le deuil d'un être aimé - fendent peu à peu l'armure. La fofolle se fait douce, câline et bienveillante, le bougon s'éclaire, sourit à la vie.

L'histoire prend un tour « feel-good ». On est en pleine « comédie romantique » ! C'est beau, tendre, mâtiné d'humour. S'ouvre le champ des possibles où l'on peut tout recommencer, à tout âge, sans parjurer le passé. Il fallait le talent et l'expérience de Bérengère Dautun et Emmanuel Dechartre pour magnifier ce jeu du chat et de la souris, le rendre aussi subtil qu'élégant. Ils sont convaincants et bouleversants et nous offrent fraîcheur et gaîté. Ca tombe bien car « La gaîté, c'est le premier pas vers la santé » (dixit Lidia).