Majola (la « petite reine » en polonais) a le profil hiératique, la diction parfaite et ce petit plus donné par l'accent allemand. Elle est charismatique, énigmatique, voire glaçante. Ses répliques, incisives, font autorité. Elle réfute d'emblée l'appellation « camp de concentration », lui préférant « camp de travail ». Elle écoute les chefs d'accusation du journaliste pugnace et irascible, les justifie un à un avec candeur. Soutenue par le jeune caméraman, dont la mansuétude juvénile pourrait confiner à la naïveté, elle libère sa parole quand l'interviewer, à bout de nerfs, quitte le plateau, allant jusqu'à retourner la situation quand il réapparait en interrogeant l'histoire de l'Amérique, le génocide des Indiens, l'esclavage des noirs.

Comme dans un thriller, le rythme est haletant. Si la mise en scène est minimaliste, les dialogues sont puissants et l'interprétation de Duncan Talhouët (le caméraman), Marc Francesco Duret (le journaliste) et Caroline Darnay est juste ...époustouflante ! Pépite !