Une belle énergie pour défendre un destin archetypique d'épanouissement dans un espace libertaire particulièrement singulier: une secte
Une fois le tableau posé et accepté, l'exubérance touchante d'un monstre ordinaire qui exerce son droit à l'amour
Pas si dérangeant que ça
Et très bien défendu avec générosité par l'actrice qui passe de l'ingénuite à l'affirmation de soi

Cette pièce étrange et troublante aborde le thème délicat de l'embrigadement d'une jeune personne au sein d'une secte, un sujet qui ne laisse personne indifférent. Le récit semble vouloir rassurer le spectateur, probablement parce que l'expérience vécue par la jeune fille est présentée sous un jour positif, voire bienveillant, ce qui peut susciter un certain malaise. Le manque de recul critique par rapport aux événements décrits donne l'impression d'une forme de complaisance vis-à-vis de ce genre de pratiques, ce qui peut déranger une partie du public. En effet, bien que l'histoire cherche à nous faire comprendre que tout n'est pas forcément noir ou blanc dans ce type de situation, l'absence de mise en garde ou de réflexion plus profonde sur les dérives sectaires peut laisser un goût amer. On aurait pu espérer une analyse plus nuancée des risques et des dangers liés à ce genre d'embrigadement. Cela étant dit, la performance de la comédienne est remarquable. Elle incarne avec beaucoup de justesse et de sensibilité cette jeune fille à la fois vulnérable et pleine de conviction. Sa prestation parvient à donner de l'épaisseur à son personnage, rendant son parcours émouvant, voire parfois troublant. Toutefois, malgré ce talent d'interprétation, le fond du propos reste, pour moi, délicat à appréhender. Le traitement du sujet manque de la distance nécessaire pour aborder ce thème sans ambiguïté, ce qui rend l'ensemble un peu "touchy", comme on pourrait dire avec un certain cynisme en bon français. En somme, bien que le jeu soit de qualité, le spectacle, de par sa narration, peut laisser perplexe, et mérite d'être vu avec un esprit critique aiguisé. Un sujet sensible qui mériterait sans doute d'être traité avec plus de rigueur et de questionnement.

Une comédienne impressionnante porte ce spectacle au rythme millimétré.

Dans un premier temps, Arcadie, cette adaptation de Sylvain Maurice, nous a dérouté. Le personnage de cette adolescente nommée Farah, joué avec brio par Constance Larrieu, a pris tout son sens dans un deuxième temps.
Nous avons été captivés par qualité du texte et la scénographie inspirée.

Le doute n'est pas permis : lorsque trois grands noms se rencontrent, il y aura des étincelles dans le sanctuaire d'Arcadie. La parole souveraine, détoxifiante d'Emmanuelle Bayamack-Tam s'empare de la difficile quête identitaire d'une adolescente pour déboucher, sans incongruité aucune, dans une curiosité du monde qui l'emporte sur l'indétermination à laquelle son corps incline. Sylvain Maurice saisit la poésie et l'humour ravageur de l'autrice avec une adaptation, hélas, trop brève, de son roman: un dixième, à peine, de ce merveilleux texte. Constance Larrieu est irrésistible ! Elle lutine tout cet univers d'Arcadie et harangue sa soif de résistance et de transgression dans une interprétation polymorphe, effervescente.